FIN TRAGIQUE

Quand, exactement, Trevor a-t-il quitté la Bretagne puis la Grande-Bretagne ? Il est encore localisé en 1977 à Worthing. En 1978, ses chansons sont une nouvelle fois reprises par les Wurzels. En 1979, Trevor chante notamment au Blue Anchor, à Helston. C'est un pub du XVe siècle qui produit sa propre bière. D'Angleterre, il correspond toujours avec Gweltaz ar Fur, « mais nos liens se sont distendus quand il a rejoint un oncle au Malawi..."

Trevor vivotait comme toujours en Angleterre. Lorsqu'il reçut un jour un appel de la ferme familiale du Malawi. L'oncle Mac venait de casser sa pipe. Comme Trévor tenait de son père une part de l'exploitation, il se décida à s'y rendre.

LE MALAWI


Colonie britannique indépendante depuis 1962, le Malawi compte alors 10 millions d'habitants dirigés d'une main de fer par Hastings Kamuzu Banda, autoproclamé président à vie. La plantation Crozier & Wright est localisée dans le Nachimango Estate, Luchenza.

Trevor entretint une correspondance avec son ancien partenaire, Chris Joe Beard, qui crut comprendre que sa tante le déshérita. Il enseigna alors l'anglais mais aussi les mathématiques et le hasard voulut qu'il donnât des cours à la belle-fille de Callum Allan, le violoniste des Clutha. Il créa forcément un Jug band et aurait joué devant le vieux dictateur à l'occasion d'un réveillon du jour de l'an. Trevor invitait Joe à le rejoindre. Mais chat échaudé craint l'eau chaude. Et puis ils cessèrent de s'écrire.

 Un soir, cependant, Maddy Prior se produit au folk-club de Poynton. Après le concert, Joe la retrouve au bar et se présente. Il sait qu'elle a été l'amie de Trevor. Alors, il lui donne l'adresse du Malawi. La chanteuse de Steeleye Span sera sans doute l'ultime artiste à échanger du courrier avec lui.

 This is the end...

A Quimper, quelqu'un m'informa un jour que Trevor gardait des chèvres à mobylette en Afrique du sud. Ce qui était totalement fantaisiste, bien sûr, et prêtait à sourire. La réalité fut tout autre. Gweltaz ar Fur se souvient : " J'ai appris sa mort par un article du magazine Folk roots signé de Maddy Prior...» C'était en juin 1995. Par le même canal John the Fish, alias Langford, découvre aussi la nouvelle et en informe Joe. Que s'est-il passé ?

Correspondance avec Maddy

He made me laugh a lot and was allways a good and reliable friend

Maddy Prior

 

 "Nous avons échangé quelques lettres joviales, explique Maddy, et j'attendais avec impatience une longue et amusante correspondance — comment pouvait-il en être autrement avec Trevor — quand j'ai été brisée par une lettre m'informant de sa mort dans un accident de moto"

Trevor fut percuté en effet par une voiture. Prévenu, Martin, un ami, se précipita à l'hôpital où il avait été transporté. Mais il n'était déjà plus de ce monde.

Maddy poursuit : "Il avait bâti une vie là-bas, devenant une sorte de personnage local..."

Trevor avait débuté sa carrière comme figurant dans un film. Il la terminait après être apparu dans un documentaire sur... la culture et la commercialisation des loofas en Afrique ! Le film fut diffusé par PBS (Public Broadcasting Service). 

Au Malawi, Trevor aura connu les manifestations sanglantes de 92, l'éviction du Dr Banda en 94, l'élection de Bakili Muluzi... Le plus vieux journal du pays, The Daily times, lui avait confié une chronique musicale : Speaking of music. Cette même presse locale regrettait sa disparition, convaincue qu'il aurait pu apporter encore beaucoup à la scène culturelle du Malawi.

"Bien que nous ayons partagé une maison dans le nord de Londres,  il y a de cela bien des années, je réalise aujourd'hui combien je le connaissais trop peu. Ce dont je me souviens, c'est qu'il me faisait beaucoup rire et qu'il était un bon et fiable ami."

Et des amis, Trevor s'en était fait de nombreux en Afrique qui à présent aidaient son épouse, Margaret, et ses trois enfants, restés au Malawi dans des conditions précaires. L'article de Maddy précisait qu'un fonds avait été créé pour subvenir à leurs besoins.

Effectivement, un compte était bien ouvert à Cardiff à l'adresse de la National Westminster bank. Chris Joe Beard lui passa un coup de fil, on le pria alors d'écrire. Alors, il écrivit. Plusieurs fois. On ne lui répondit pas.

(A SUIVRE)



 

 

 

 

 

 

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