PRÉSENTATION

  Bienvenue sur le site des amis de Trevor Crozier. De pub en festival, il aura écumé la Grande et la Petite Bretagne. Avant de disparaître tragiquement en 1995, laissant derrière lui deux albums. Et combien d'anecdotes. Elles résument l'histoire du folk. Hommage à Mac Trevor, l'homme des tavernes...

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STILL ALIVE

 "I can't sing tonight on account of my throat. Someone might cut it ?"

Trevor Crozier.

Voilà. Trevor n'est plus. Mais il aura encore une carrière posthume. En 1981, il est cité pour son interprétation de Sam Hall dans une bibliographie et un guide du Music-Hall rédigé par Laurence Senelick. Rappelons que Trevor avait enregistré Sam Hall en 1975 dans un double album, Let's all go to the music hall, publié par Argo.

Trevor reste un compagnon de route dans les mémoires de toutes les figures du folk. En 1982, Andy Irvine, fondateur du groupe fameux Planxty est interrogé par Paul Magnussen :

— Tu avais aussi une guitare portugaise, n'est-pas ? Comment en as-tu fait l'acquisition, l'as-tu toujours ?

— Je l'ai échangée contre une Gibson L2 avec un type nommé Trevor Crozier, autrefois musicien de folk. En principe, je l'ai toujours. Mais je l'ai prêtée à quelqu'un et je ne sais plus qui. S'il lit ces lignes, qu'il se dénonce. C'était un bel instrument mais il avait un manche très convexe si bien qu'il était très difficile de jouer sur les cordes supérieures...

Voilà. On sait que Trévor a possédé une guitare portugaise. C'était son style que de collectionner les instruments exotiques.

Oui, Trévor n'est plus mais ses compositions demeurent. 1993 : Johnny Collins enregistrre une reprise de Diggery Venn The Raddle Man sur son album Pedlar Of Songs

En 1998, Norman & Betty MacDonald reprennent Dead dog Scrumpy en changeant quelques paroles ainsi que le titre qui devient Dead dog cider. Charlie Ipcar lui ajoutera un refrain et de nouveaux arrangements. Ce qui sera contesté par certains. On avait aussi reproché à Cutler d'avoir transposé des chansons de Trevor parlant du Dorset pour les repeindre aux couleurs du bon vieux Somerset.

 En 2003, Trevor figure dans une compilation de Ukulélé, The cat's meow, réalisée chez Mel Bay par Ian Withcomb. Les deux compères chantent Dapper-Dan (From dear old Dixieland). C'est un vieux succès d'Eddie Cantor, paroles de Lew Brown, musique Albert Von Tilzer. 


 

En 2007, un vieil ami de Trevor s'écriera sur un forum britannique « Justice pour Trevor Crozier !» Manifestement quelqu'un s'est accaparé la collection des enregistrements de Trevor, connus mais aussi inédits. Perte pour l'histoire de la musique folk, perte pour ses héritiers. Le vieil ami de Trévor suggérait que des droits d'auteur aillent à son fils, Ciaran, né en 1988. Des inédits ? Bon sang, où sont-ils !


 

En 2008, Pete Twitchett enregistre Dead dog Scrumpy sur son album In from the cold. Il note sur son CD : "This song was written by Trevor Crozier. Sadly he was killed in a motorcycle accident. The folk world lost a great talent and I am proud to have called him a friend."

La chanson a connu des versions de la part de Charley Noble, The Appalachians, Iain MacKintosh. Elle est toujours chantée de nos jours...

En 2014, Bards of the Heath donne Raddle Man, paroles de Trevor, sur une musique de John Kilpatrick, piste 8 de l'album Moonpathway, chez Not On Label.

Maintenant que sait-on de la famille Crozier. Trevor, disent les uns, eut un frère à la BBC, avocat rectifie Perroches, il aurait aussi un cousin, Richard Crozier, fils de l'oncle Mac, importateur de tabac pour Gallaghers Tobacco. Le fils de Trevor, Ciaran, a quitté le Malawi dans les années 2010 pour être militaire en Grande-Bretagne.

Faire entrer Trevor sur Wikipédia n'a pas été une mince affaire. L'encyclopédie en ligne a d'abord fait la fine bouche puis finalement accepté face à l'évidence : Trevor justifie d'une discographie et d'une carrière de folksinger. N'empêche, j'ai dû batailler ferme pour convaincre l'administrateur de service.

En 2016, Patrick Caroll évoque ses souvenirs dans le pub de Dublin où Trevor s'éveilla au monde de la musique : " Dans le coin le plus à gauche du bar arrière d'O'Donoghue se trouve la porte protégée par une cloison menant aux toilettes pour femmes. Le spectacle me rappela encore Dick Quin, avec une galanterie peu démonstrative, portant dans ses bras aux toilettes sa femme atteinte de sclérose en plaques. 
Sur le mur opposé à la cloison se trouve une photographie d'un autre bon ami de mes débuts à Dublin. C'était un gars né dans le Somerset, malheureusement, maintenant également passé sous le fil, nommé Trevor Crozier, qui fréquentait alors le T.C.D., avec qui je partageais, entre autres, une dévotion aux œuvres de P.G. Wodehouse. La photo le montre dans un costume comprenant un chapeau tricorne pris lorsqu'il faisait partie de la distribution d'une pièce musicale intitulée "O'Donoghue's Opera", qui mettait en vedette de nombreux habitués du pub, dont la plupart des Dubliners. 
La contribution la plus notable de Trevor au canon folk-ish était une chanson, en large dialecte zumerzet, intitulée "Don't Tell I, Tell 'Ee". Ce joyau a été enregistré par Adge Cutler & The Wurzels et figure toujours dans certains répertoires, notamment West Country.

L'album hommage

 
 
Joe pense souvent au duo qu'il formait avec Trevor et à l'affection que leur portait le public. Pour lui rendre hommage, il a d'abord envisagé de réenregistrer Trouble over bridgwater. Et puis finalement l'idée d'un album-hommage est né. Et ils ont tous répondu présent, les vieux compagnons de roots. Les voici avec des chansons que Trevor a écrit, chanté, aimé ou aurait aimé...

  1. Pastime With Good Company (The Druids)
  2. The Hare's Maggot (Vic Gammon & The Whole Hog Band)
  3. Jug Band Moon (Joe Beard with Gerry Robinson & Mike Billington)
  4. Candy Man (Lea Nicholson & Naomi Randall)
  5. Farewell He (Liz Dyer & Keith Kendrick)
  6. Three Jolly Rogues of Lyn (Shelley Rainey & Joe Beard)
  7. Dead Dog Scrumpy (Joe Beard with Gerry Robinson & Mike Billington)
  8. The White Rose (John The Fish)
  9. The Carrick Hornpipe (Lea Nicholson & Naomi Randall)
10. Searching For Lambs (Maddy Prior)
11. Ratcliffe Highway (The Druids)
12. The Unfortunate Young Man (Billington/Beard with Feminata Inebriata)
13. The Rest of The Day's Your Own (Lea Nicholson & Naomi Randall)
14. The Draper's Maggot (Billington/Beard)
15. McTrevor The Magnificent (Billington/Beard)
16. Hedgehog Pie (Benny Graham & The Whole Hog Band)
17. Maggie May (John The Fish)
18. Jug Band Waltz (Gerry Robinson with Joe Beard & Mike Billington)
19. The Bellringing Song (Lea Nicholson & Naomi Randall)
20. The Oggie Man (MIke Harding)
21. Trouble Over Bridgwater (Billington/Beard with Gerry Robinson & Paul James)
22. Daphne (Mike Billington)
23. Lamorna (Billington/Beard with The Giles Farnaby Nightmare Band)
24. Breton Wedding Dance / Son Ar Chistr (Billington/Beard)
25. Teeth (Trevor Crozier & Friends)

 
 
Mais dites-moi, voilà que, soudain, ça pue le tabac de pipe. Yes sir, je crois apercevoir dehors, là, devant chez moi, une ombre enveloppée dans un nuage de fumée, tranquillement assise sur un muret, cernée de trois tonnes de bagages et de 45 boîtes d'instruments. Viré de partout, désargenté, assoiffé, Trevor attend  patiemment que je lui ouvre ma porte. Oh my god, je veux dire Dieu merci, les ennuis recommencent !

Laurent QUEVILLY.


Merci à Chris Joe Beard à qui nous devons beaucoup pour cette biographie ainsi qu'à Gweltaz ar Fur et Yan Fañch Perroches en Bretagne, Callum Allan en Ecosse, Richard Hawkins en République d'Irlande.

 

FIN TRAGIQUE

Quand, exactement, Trevor a-t-il quitté la Bretagne puis la Grande-Bretagne ? Il est encore localisé en 1977 à Worthing. En 1978, ses chansons sont une nouvelle fois reprises par les Wurzels. En 1979, Trevor chante notamment au Blue Anchor, à Helston. C'est un pub du XVe siècle qui produit sa propre bière. D'Angleterre, il correspond toujours avec Gweltaz ar Fur, « mais nos liens se sont distendus quand il a rejoint un oncle au Malawi..."

Trevor vivotait comme toujours en Angleterre. Lorsqu'il reçut un jour un appel de la ferme familiale du Malawi. L'oncle Mac venait de casser sa pipe. Comme Trévor tenait de son père une part de l'exploitation, il se décida à s'y rendre.

LE MALAWI


Colonie britannique indépendante depuis 1962, le Malawi compte alors 10 millions d'habitants dirigés d'une main de fer par Hastings Kamuzu Banda, autoproclamé président à vie. La plantation Crozier & Wright est localisée dans le Nachimango Estate, Luchenza.

Trevor entretint une correspondance avec son ancien partenaire, Chris Joe Beard, qui crut comprendre que sa tante le déshérita. Il enseigna alors l'anglais mais aussi les mathématiques et le hasard voulut qu'il donnât des cours à la belle-fille de Callum Allan, le violoniste des Clutha. Il créa forcément un Jug band et aurait joué devant le vieux dictateur à l'occasion d'un réveillon du jour de l'an. Trevor invitait Joe à le rejoindre. Mais chat échaudé craint l'eau chaude. Et puis ils cessèrent de s'écrire.

 Un soir, cependant, Maddy Prior se produit au folk-club de Poynton. Après le concert, Joe la retrouve au bar et se présente. Il sait qu'elle a été l'amie de Trevor. Alors, il lui donne l'adresse du Malawi. La chanteuse de Steeleye Span sera sans doute l'ultime artiste à échanger du courrier avec lui.

 This is the end...

A Quimper, quelqu'un m'informa un jour que Trevor gardait des chèvres à mobylette en Afrique du sud. Ce qui était totalement fantaisiste, bien sûr, et prêtait à sourire. La réalité fut tout autre. Gweltaz ar Fur se souvient : " J'ai appris sa mort par un article du magazine Folk roots signé de Maddy Prior...» C'était en juin 1995. Par le même canal John the Fish, alias Langford, découvre aussi la nouvelle et en informe Joe. Que s'est-il passé ?

Correspondance avec Maddy

He made me laugh a lot and was allways a good and reliable friend

Maddy Prior

 

 "Nous avons échangé quelques lettres joviales, explique Maddy, et j'attendais avec impatience une longue et amusante correspondance — comment pouvait-il en être autrement avec Trevor — quand j'ai été brisée par une lettre m'informant de sa mort dans un accident de moto"

Trevor fut percuté en effet par une voiture. Prévenu, Martin, un ami, se précipita à l'hôpital où il avait été transporté. Mais il n'était déjà plus de ce monde.

Maddy poursuit : "Il avait bâti une vie là-bas, devenant une sorte de personnage local..."

Trevor avait débuté sa carrière comme figurant dans un film. Il la terminait après être apparu dans un documentaire sur... la culture et la commercialisation des loofas en Afrique ! Le film fut diffusé par PBS (Public Broadcasting Service). 

Au Malawi, Trevor aura connu les manifestations sanglantes de 92, l'éviction du Dr Banda en 94, l'élection de Bakili Muluzi... Le plus vieux journal du pays, The Daily times, lui avait confié une chronique musicale : Speaking of music. Cette même presse locale regrettait sa disparition, convaincue qu'il aurait pu apporter encore beaucoup à la scène culturelle du Malawi.

"Bien que nous ayons partagé une maison dans le nord de Londres,  il y a de cela bien des années, je réalise aujourd'hui combien je le connaissais trop peu. Ce dont je me souviens, c'est qu'il me faisait beaucoup rire et qu'il était un bon et fiable ami."

Et des amis, Trevor s'en était fait de nombreux en Afrique qui à présent aidaient son épouse, Margaret, et ses trois enfants, restés au Malawi dans des conditions précaires. L'article de Maddy précisait qu'un fonds avait été créé pour subvenir à leurs besoins.

Effectivement, un compte était bien ouvert à Cardiff à l'adresse de la National Westminster bank. Chris Joe Beard lui passa un coup de fil, on le pria alors d'écrire. Alors, il écrivit. Plusieurs fois. On ne lui répondit pas.

(A SUIVRE)



 

 

 

 

 

 

KENAVO BREIZH

 Rentré en Bretagne, Trevor se produit vaille que vaille en solo ou aux côtés de la chanteuse irlandaise Jane Cassidy et encore dans l'ombre de Gweltaz. On les verra notamment à l'auberge de Kervao, sur l'ancienne route de Concarneau, sur la scène du vieux théâtre de Quimper et bien sûr aux Douves lors du festival de Cornouaille. 

AVEC JANE CASSIDY

Originaire de Belfast, répétitrice d'anglais au collège de la Tourelle, Jane est une sorte d'ange tombée incidemment sur terre et dont tous les garçons sont discrètement amoureux. Sa voix s'envole dans les aigus avec une facilité déconcertante et rappelle forcément Joan Baez. Mais elle a son talent propre. Si bien qu'elle représentera l'Irlande à l'Eurovision. D'apparence fragile, une grâce naturelle, Jane contraste avec la masse bourrue et tonitruante de son partenaire quand ils entrent en scène. Un remake de L'ours et la poupée. Puis leur complicité fait mouche dès le premier accord. J'aimerais tant dénicher dans une brocante le magnétophone à vitesse lente, 4,75, qui me permettrait de réécouter le concert que j'avais enregistrés à Kervao sur un Grunding TK 745.
 
 L'affiche éditée après l'enregistrement du disque et la mandoline de Trevor (coll. Laurent Quevilly).

 


Toujours en 1977 paraît une compilation de Lyonesse, Celtic legends. Trevor y est présent dans quatre morceaux. Mais les affaires de Trévor ne s'arrangent pas. Tant sur le plan pécuniaire que sentimental. Il a une éphémère histoire d'amour avec Michèle, belle infirmière de mes amies, communiste jusqu'au bout des ongles et féministe de surcroit. Curieux alliage qui forcément ne prendra pas. Michèle aussi partira trop tôt et je tenais à la faire vivre ici sans trahir un grand secret...

Ci-dessous, tirée à la photocopieuse, une affichette que j'avais réalisée. Elle permettait à Trevor d'annoncer ses spectacles sur la vitrine des pubs. Cet exemplaire a été colorié en rouge et dédicacé par Trevor. 


Alors qu'il fut encore viré de je ne sais où, ma femme et moi l'avons accueilli quelque temps au 53 de la rue de Pen-ar-Stang, 3e étage, sur les hauteurs de Quimper. Comme tout le monde, nous lui avons prêté de l'argent. Et Trevor ne pouvant jamais rembourser ses dettes, il finit, sur les conseils de Michèle, par m'abandonner sa mandoline Yamaha dont il faisait un usage très épisodique. Ce sera aussi mon cas. Elle est accrochée depuis le siècle dernier au mur du fond de mon salon. A Quimper, Gweltaz ar Fur conserve quant à lui deux reliques de saint Trevor : sa douze cordes et son concertina. Chris Joe Beard garde de son ancien partenaire ses sabots et, comme moi, une mandoline. Il reste aussi lui devoir 50 livres. 

 


Ce soir-là, aux Douves, Trevor perdit sa girl friend que lui souffla l'un des convives. On le voit, il est déjà ailleurs.

Trevor chez moi, occupait ses journées en passant du lit au canapé et du canapé à la table de cuisine. Là, il intriguait beaucoup mes deux filles avec son air de boucanier au drôle d'accent. Quand j'évoquais les Lambert, mes ancêtres anglais, notre le baroudeur connaissait forcément tous les Lambert d'Angleterre et en parlait en connaisseur. Et puis le gros fumeur qu'il était, bronchitique au dernier degré, toussait soudain dans son potage en provoquant un spectaculaire ras-de-marée. Ce qui n'incita guère mes enfants à aimer la soupe.

Trevor avait toute notre affection mais sa présence commençait à peser. Alors, nous nous en sommes ouverts. Un jour, en notre absence, celui qui lui avait chipé sa belle vint le chercher chez moi, histoire d'aller faire un tour en ville. Et là, il lui proposa, pour ne pas dire lui imposa je ne sais quelle autre formule d'hébergement. Les bagages suivirent aussitôt.

Je me souviens avoir conduit Trévor de Quimper jusqu'au ferry de Roscoff. A mi-chemin, chargée de bagages et de boites d'instruments, ma vieille Coccinelle cessa soudain de jouer du piston à hauteur de Châteaulin. Excellente auto-stoppeuse et animée d'un sens pratique, mon épouse partit récupérer à la hâte notre seconde voiture à Quimper. Course contre la montre. Durant tout ce temps, Trevor resta stoïque, assis sans un mot à la place du mort. Et Joëlle revint à temps pour rallier la cité corsaire avec notre Captain Crozier à la jambe traînante. Bref, Trevor portait la poisse, surtout sur la route. Et puis un jour sa vie va prendre un brusque tournant. Totalement inattendu...

(A SUIVRE)



AVEC PERROCHES

A l'automne de 1976, Trevor regagne donc la Bretagne. On le retrouve aux Douves où il sert au bar. Lui commande-t-on un demi qu'il vous sert une pinte. Au client qui s'en étonne, sa réplique est sans appel. "Tu m'as demandé un demi, pas 25 centilitres !..."

Trevor réapparait dès l'année suivante en Angleterre, flanqué de Yann-Fañch Perroches, le joueur d'accordéon diatonique alors débutant. Yann-Fañch vient de découvrir cet instrument alors qu'il est étudiant à Rennes. Futur cofondateur du groupe Skolvan, il se souvient du voyage où Trevor avait encore réussi à se faire inviter à la passerelle du ferry. A croire qu'il s'agissait d'une tradition bien ancrée sur les lignes de transport maritime. Du moins celle de la Brittany Ferries. " C'était entre Saint-Malo et Porstmouth. Nous y dégustâmes un fameux whisky. Une fois arrivés au port, le Commandant Thomas nous avait invités à dîner au mess des officiers, pendant que les passagers quittaient le bord. C'est pourquoi nous avons débarqué nous-mêmes avec pas mal de retard... Les douaniers étaient furieux car ils ne pouvaient laisser embarquer personne tant que tous les passagers n'étaient pas descendus du navire ! Nous avons eu droit à une fouille en règle. Ce genre d'anecdote était monnaie courante avec Trévor." 

Crozier et Perroches participent à une émission de la BBC, le Wally Whyton show. Whyton est un guitariste et chanteur folk bien connu Outre-Manche et qui anime des émissions de radio et de télévision. C'est dans l'une d'elles que les Beatles firent leur seconde apparition au petit écran avec Love me do. Yann Fañch : "Nous avons enregistré l'émission, accompagnés par le contrebassiste de service de la BBC qui a totalement improvisé sans avoir jamais entendu les morceaux. Parmi eux, une suite d'an dro. Il nous avait juste demandé la tonalité !.."

Mais au fait, Trevor n'avait pas un frangin à la BBC ? "Trevor avait effectivement un frère, il habitait Londres, mais dans mon souvenir il était avocat. On a squatté quelques jours chez lui, grande spécialité Trevoresque, avant de se faire virer, autre grande spécialité Trevoresque. Je me souviens qu'on n'avait pas un rond, on faisait la manche dans le métro en attendant désespérément le paiement des royalties du disque de Trevor... On avait à peine de quoi s'offrir un fish and ships, mais le champagne a coulé à flots dans les studios de la BBC. C'était en été 1977."


Tant qu'il lui restait encore un peu de tunes en poche, Yann-Fañch reprit le ferry. Quant à Trevor, il fauché comme les blés, il squatta chez des amis londoniens. McTrevor le Magnifique espérait encore convaincre son vieux partenaire, Chris Joe Beard, de s'en revenir en Bretagne. Mais, découragé par les frasques de son ami, Joe avait d'autres projets. Et puis il était représentant en partitions pour le compte d'une maison d'édition. Voilà en tout cas nos deux lascars partis quelque temps sur les routes du nord de l'Angleterre avec la voiture de fonction et chantant le soir dans les pubs. Ce qui vaudra le licenciement de Joe et la saisie du véhicule. Oui, les ennuis continuent. Maigrement renfloué, c'est encore seul que Trévor Lancelot Crozier regagne la terre armoricaine.

(A SUIVRE)


 

SECOND ALBUM

 Resté en Bretagne, Trevor s'efforce de se faire une place au soleil. Difficilement. D'abord en raison des conditions météorologiques. Mais surtout si l'on assiste à un renouveau de la musique traditionnelle, l'humour du Scrumpy & Western music n'est pas perçu par le public breton pour qui la musique médiévale n'est non plus sa tasse de thé. D'ailleurs il boit rarement du thé. Enfin, en matière de folk celtique, on trouvera toujours mieux qu'un Trevor seul en scène. Celui qui se prétend Cornouaillais, à l'instar de Brenda Wooton, n'a de commun avec elle qu'un généreux tour de taille. 

J'ai enregistré un concert de notre troubadour à l'auberge de Kervao, vieille route de Concarneau,  à Quimper. Dès qu'il ouvre la bouche pour chanter, une spectatrice hurle aussitôt de rire en découvrant cette voix de drunken sailor. 

TROUBLE OVER BRIDGEWATER

Lorsque Trevor fait un saut en Angleterre, une lettre de Bob Barrett, responsable musical chez One un records, lui suggère d'enregistrer un disque avec son partenaire. Mais pas sous le nom de Crozier and Beard. Non, sous celui de Trevor Crozier and friends. En écrivant Trouble over Bridgwater, Chris donne cependant le titre générique de l'album sur lequel Trevor reprend ses deux grands succès : Don't Tell I, Tell 'Ee et Dead dog scrumpy.

L'enregistrement se fit en public en une seule prise au folk-club de Poynton. Le duo s'adjoint la participation du violoniste Barry Dransfield, de Bob Kerr (Whopee band), de Vic Gammon (The Etchingham Steam Band) au mélodéon, Tony Moss (Purple Gang) à la basse, Chris Joe Beard à la guitare et Bernard Orhon venu de Bretagne pour interpréter un florilège d'airs de cornemuse.

 

 Ci-dessous, un article de presse paru après l'enregistrement du disque. (Coll. Beard). Le papier parle du 5e album de Trevor. C'est en réalité le second, du moins à titre personnel. Il fait aussi l'impasse sur la présence de Trevor en Bretagne : "Il vit à Higher Poynton depuis seulement un an, mais est déjà devenu un grand favori des foules locales et est bien connu des amateurs de folk à travers le pays."

 

Trouble over Bridgwater ! Bien entendu, le biographe de Simon et Garfunkel, Spencer Leigh, ne manquera pas ne manquera pas de signaler l'emprunt fait aux deux fameux chanteurs américains : Le titre a également été parodié et le chanteur folk comique Trevor Crozier a enregistré "Trouble Over Bridgwater" en 1977. C'était aussi le titre d'un album de Half Man Half Biscuit en 2000."

BALADE ECOSSAISE


He was quite a remarkable and charismatic individual !

Callum Allan, The Clutha.

L'enregistrement terminé, Trevor se rendit à Glasgow saluer son ami Callum Allan, violoniste des  Clutha chez qui il sera hébergé longuement plus tard. 

En prenant l'ancien nom de la rivière Clyde, le doyen des groupes folk écossais a été fondé en 1964 par quatre libraires de la maison Mitchell. Très vite, The Clutha compte six membres qui puisent dans les rayons de la librairie de vieux airs traditionnels. Le groupe a influencé fortement le renouveau du folk écossais. 


 Trevor sera très apprécié de tous les musiciens du groupe. Lorsqu'il séjournera à Glasgow, Callum se chargera de lui trouver des contrats dans les folk-clubs mais aussi à la BBC dont les programmes matinaux étaient friands de Shanties. 

En attendant, dire que la Bretagne l'appelle serait exagéré. En tout cas, il y retourne...

(A SUIVRE)




 

LA CANICULE DE 76

 Depuis mai, mois où mon épouse accoucha de notre seconde fille, Nolwenn, sévissait une forte canicule. Le 25 août, Lesley fête ses 26 ans en Bretagne. Bernard prépara un gâteau aussi chaud que la température extérieure. "Nous étions dans un état léthargique. Quand soudain arriva le bagad Kemper. En masse. Ce fut une soirée mémorable."  Surtout quand retentit le téléphone. C'était Alan Stivell qui annonçait son arrivée. A condition que la presse locale n'en soit pas avertie. 

— Ce type est vraiment fameux ? demande Chris à Trevor

Un long hochement de tête approbatif lui répond simplement à travers une épaisse fumée de pipe. Vingt minutes plus tard, après avoir garé son nuage dans la rue, Stivell fait son entrée dans l'arrière-cuisine. Acclamations. A la fin de la soirée, tout le monde embrasse Lesley sur les deux joues, y compris notre fameuse vedette armoricaine.

Photo ci-dessus : Youenn Bihan au biniou coz, le folksinger anglais Paul Wright, Erwan Roparz, sans barbe et à la bombarde alors qu'il est le pen soner du Bagad Kemper, derrière-lui, deux de ses sonneurs, les frères Whouez. (Coll. Beard)

Mac Trevor and Joe sont bientôt  à l'affiche d'un fest-noz anti-nucléaire à Plogoff où Dan ar Braz, le guitariste de Stivell, tient la vedette. Après leur passage sur scène, Trevor, Chris, Lesley et Paul Wright forment une équipe de Cornouailles pour disputer un concours de boul-ten. 

Ce jeu traditionnel breton requiert force et adresse puisqu'il s'agit de déloger des boules calées sur un billot de bois à huit mètres de là. Et la chance sourit aux néophytes. Chris réalise un exploit et gagne une barrique de cidre. Il est porté en triomphe autour du champ de bataille. On le retrouvera le jour suivant complètement ivre dans une curieuse maison en compagnie d'un type bizarre. Ce qui ne sembla pas tournebouler Trevor. Par contre Lesley...

Le mariage breton

 Un soir, le duo se produit dans un mariage breton. Nous sommes dans un petit village du côté de Quimperlé. En 1941, son appareil abattu par les Allemands, un pilote de la RAF s'était parachuté en catastrophe pour rester accroché aux branches d'un pommier. Les villageois l'en avaient délogé avant l'arrivé des Allemands. D'une famille riche, bienfaiteur du village, il revint s'établir ici après guerre et ce soir-là, on mariait donc sa fille...

Trevor et Chris sont juchés sur une barrique de cidre, elle-même posée sur un plus gros tonneau. Chaussés de sabots, ils battent la mesure d'airs bretons qu'ils ont appris. Et ont l'impression de remonter le temps. "Comme dans un vieux tableau de Gauguin, les locaux dansaient autour de nous en costume traditionnel et en se tenant par le petit doigt..." 

Plus tard, dans la soirée, des séparatistes bretons, théorisant sur l'indépendance de la Bretagne, sympathisèrent avec nos prétendus troubadours celtes. Au point qu'ils montrèrent à Chris et Trevor le dispositif qui allait bientôt exploser au château de Versailles. "Il était caché dans une serre à l'arrière de la ferme..."

J'espère qu'ils ne tueront personne, lâche Chris à Trevor.

Surtout ne dis rien et n'oublie pas que nous sommes Cornouaillais !

Chris ne put s'empêcher de s'en ouvrir à Lesley, et, assis, réfléchit longuement. Puis il décida qu'il était définitivement originaire du Cheshire et qu'il ne voulait se séparer de personne. Excepté des séparatistes...

 Les amours de Trevor

Conséquence de la canicule, Trevor entretint une passion ardente pour une charmante demoiselle prénommée d'Anne-Marie. Son père, plutôt du genre vieille France, détesta immédiatement cet Anglais en pantalon orange. "Cette jeune fille partageait une maison avec sa sœur. Quand leur père découvrit que nous leur rendions visite, il fit aussitôt enfermer Anne-Marie dans un couvent situé loin de là. Trevor fut bien autorisé à lui rendre visite. Mais une seule fois. J'y ai assisté sous la surveillance étroite d'une religieuse." 

Mais Anne-Marie put bientôt regagner son domicile contre la promesse de ne plus jamais rencontrer Trevor. Dès que son père s'en alla vaquer à ses affaires, le van des Anglais revint bien sûr se garer près de la maison. Un matin, Lesley s'en va faire avec Anne-Marie le tour du jardin tandis que dans la cuisine Chris et Trevor attaquent les cornflakes. Soudain, le chien de la famille fait irruption dans la pièce en aboyant fortement pour bien faire comprendre ses intentions. "Sans doute faisait-il partie du dispositif de surveillance établi par le père de la jeune-fille pour dissuader ses prétendants." En tentant d'échapper à ce dogue manifestement enragé, Trevor, handicapé d'une jambe et frappé d'embonpoint, se retrouve coincé dans l'embrasure d'une étroite fenêtre. "Il fallut l'intervention d'un type en bleu de chauffe aidé d'une échelle pour lui porter secours". Trois ans à peine après l'entrée du Royaume-Uni au sein de la Communauté européenne, la vue de ce ressortissant britannique en si fâcheuse posture fit beaucoup rire les voisins qui jugèrent l'excentricité des Anglais définitivement incurable. 

Le départ des Beard

La canicule était toujours là et Joe souffrait d'une allergie à la chaleur s'exprimant par de folles démangeaisons. Son état empira après avoir consommé des fruits de mer. Lesley suggérait un retour immédiat au Cheshire mais Trevor ne voulait rien entendre. 

Le couple alla se rafraîchir en un endroit appelé la Roche-Percée. Là, en se baignant, Chris perdit ses antiques lunettes de soleil ramenée de Forêt noire par son vieil ami Gigi. C'en était trop, les Beard mirent un point final à leur séjour breton tandis que Trevor refusait catégoriquement de les suivre. 

Terry, le van des Beard, présentait lui aussi des signes de fatigue. Un mécanicien de Quimperlé passa paraît-il la journée à remettre le moteur en état. "C'était le père de l'accordéoniste Yann Fañch Perroches", croit se souvenir Joe. Ce que dément formellement l'intéressé... 

Roscoff, Porthmouth, l'hôpital de Truro et enfin le Cheshire... les Beard laissent Trévor affronter son destin. Seul...

(A SUIVRE)




McTREVOR & JOE

 " Trevor Crozier ? He's like a breath of fresh air. What more do you want ? "

Joe Beard

En octobre 1975, Trevor contacte Chris Joe Beard. Il a pour idée de former un duo avec cet amateur de Jug band. Trevor se rend à Buxton, Desbyshire, où Beard le découvre assis sur un muret, fumant tranquillement la pipe,  arborant des sabots bretons. Il est encerclé par ses valises et boîtes d'instruments. Beard pense que cet accoutrement n'a sans doute rien de choquant en Bretagne. Mais à Buxton...

On installe Trevor dans un garage qui fait aussi station service. Il partagera le lieu avec un ami de Beard : Chris Wainwright. Les répétitions commencent...
 
De gauche à droite : K. Lightowler, Trevor avec un nœud papillon à pois roses, T. Wilkinson, Chris Joe avec la jaquette de l'école de Market-Drayton ayant appartenu à Trevor, feue Mary Asquith, Brian MacNeil, le violoniste écossais de Battlefield band et feu Tony Davies, ex de Purples II et Jericho jug band (Coll. CJ Beard). 
 
Un moment, Trevor s'établira durablement à Poynton. Au point de faire imprimer des cartes e visite. Il demeure au 77, Shrigley road south et il dispose même d'un téléphone. C'est une rue bordée d'un côté de pavillons sans étages et de l'autre de bouquets d'arbres. Mais cette adresse n'est pas pour autant celle d'un sédentaire puisque pour profession Trevor indique "Ménestrel, voyou et vagabond". 
 Carte de visite de Trevor (coll. Laurent Quevilly)

 Durant l'hiver, le duo écume les folk-clubs. Mais il joue à domicile lors du festival de Pâques 76 à Poynton où ils se produisent tantôt séparément, tantôt ensemble. Ils participent aussi à deux ou trois sessions avec Middel Wood Swamp Band, groupe vite assemblé dans le style cajun, les frères Sauders, Martin et Rob et plusieurs musiciens locaux.

 Here is a photo of Trevor singing Trouble Over Bridgwater at the recording session in summer 1976 at Poynton. (Joe Beard)

 ÉTÉ SHOW !



Un été caniculaire comme en témoigne la tenue de scène de Trévor. Juillet 1976, voilà nos deux compères sur la grande scène n° 2 du festival folk de Cambridge. (Photo : coll Beard)

On les voit aussi au grand festival du Lancashire qui porte le nom de Charnock Richard et se tient du 23 au 25 juillet. Affiche d'enfer : Chieftains, Bothy band, Faiport Convention, Alan Stivell...

Photo : Roger Liptrot.

 

   

 

 

 Après quelques concerts mineurs, des apparitions attestées dans le Nord-Est des ilse britanniques, cap sur la Bretagne...


 

MacTrevor and Joe

Lesley, la fiancée de Chris, accompagnera le duo. Ils partent à bord d'un camping-car bleu surnommé Terry. Nuit à Sidmouth, on gagne sous la pluie le car-ferry Armorique qui effectue là une de ses premières rotations entre Portsmouth et Saint-Malo. La Brittany Ferry vient tout juste d'ouvrir en effet cette nouvelle liaison; Durant la traversée, au mieux avec le capitaine, Trevor est invité à la passerelle. L'histoire de dit pas s'il lui chanta "Blood red roses". On ne tirait plus sur les drisses depuis des lustres...

Changement de rive, changement de nom. Le couple se produira en Armorique sous le nom de duo Mac Trevor and Joe. Mac Trevor, c'est le surnom dont est affublé ici Trevor Crozier. Son partenaire a pour consigne de ne surtout pas révéler leurs origine : le Cheshire. Non, aux Bretons, il faut se présenter comme des bardes cornouaillais. COR-NOUA-ILLAIS !

Trevor a une petite notoriété depuis son album avec Broken Consort. The Wurzels ont encore repris deux de ses chansons dans leur album The Wurzels are Scrumptious enregistré chez EMI en juillet 75 : Don't Tell I, Tell 'Ee et The verger. Mais il y a surtout sa participation à Lyonesse que mon pote Youenn Bilien passe en boucle à Kerfeunteun. Et puis Trevor possède bien le français. Sur scène, tandis qu'il parle de son partenaire, figé dans l'incompréhension, Crozier, en parfait Monsieur Loyal, se paye la tête de Chris. Ce qui fait hurler de rire le public. Chris n'ose demander ce que dit Trevor de lui, de toute façon, il lui mentirait. Alors, pince sans rire, il joue le faire-valoir et voilà qui fera partie de la mise-en-scène.

Nos trois Britanniques seront basés à Quimper, hôtel des Douves, chez Bernard et Marie-Yvonne Orhon qui adorent Trevor. Bernard est un excellent sonneur. Sa longue barbe évoque à Chris le postier que Van Gogh peignait continuellement. Sauf que là, il porte un tablier blanc et une toque de chef-cuisinier.

Bernard Orhon en fin de service.

C'est aux Douves que le duo aiguise son show. Les deux musiciens se tiennent embusqués derrière un rideau et interviennent en fin de repas. Chris est plutôt réservé. Alors c'est Trevor qui passe le chapeau et, devant la fierté de son partenaire, le menace bientôt de ne plus partager le contenu. 

 (A SUIVRE)

 


LA BRETAGNE

 Nous voilà à Pâques 1975. Lors du festival de Poynton, dans le Scheshire, où Lyonesse est invité, Trévor y fait la connaissance de Chris Jo Beard. De cinq ans son cadé, natif de Macclesfield, Beard a fondé dans les années 60 le groupe Purple gang. Bœuf sur scène. Les deux hommes partagent une passion commune pour la musique de Jug band. Ce sont ces formations qui utilisent des instruments traditionnels mais aussi totalement bricolés avec les matériaux les plus divers.

Sur la photo ci-desus, Trevor est assis et Chris Joe Beard à droite. Ils scellent leur rencontre au cours d'une Swamp band' cajun style jam...

 AVEC GWELTAZ

Avec Lyonesse, Trevor boucle une dernière tournée en Italie. Toujours amoureuse de Trévor lorsqu'il est debout, Annie s'est en revanche lassée du Trevor assis face à la vaisselle à faire. Il finit par recevoir un magistral coup de pied au derrière qui le propulse jusqu'en Bretagne. Là, dans un français châtié, il se présente comme un troubadour celte venu tout droit de Cornouailles. 

En août 1973, le chanteur engagé Gweltaz ar Fur avait été appelé sous les drapeaux. Plus qu'une corvée pour le militant breton, connu de la scène folk depuis maintenant trois ans. Il a déjà à son actif deux 45 T et un album chez Warner. On l'a même entendu plusieurs fois à l'émission mythique Salut Les Copains. 

Douze mois plus tard, de retour de Lorraine, le soldat Gildas Le Fur va bientôt avoir affaire à Trevor : « A mon retour du service militaire obligatoire auquel je n'avais pu échapper, il vint s'établir en Bretagne et je l'hébergeai pendant plusieurs mois. Il participa à mon disque "Bonedoù Ruz" au chant, la pandora, le concertina...


"Nous somme alors en 1975. En studio, Trevor est aux côtés de l'irlandais Mick Hanly (The Monroes, Moving Hearts...), du sonneur breton Andreo Tomaz (groupe Skeduz). Gweltaz poursuit : "Ensemble, nous avons tourné ensuite avec Gégé Lhomme (guitare, dulcimer) André Thomas (Bombarde, binioù-kozh, Shenai, Clarinette, Bodhran) et Mikael Moazan ( Violon, mandoline). »

Et ces tournées ne passent pas inaperçues. Lorsque Jacques Vassal, journaliste, auteur prolixe sur le folk et la chanson, sort alors son livre, "Français si vous chantiez" chez Albin-Michel, il en parle en citant Trevor comme un "transfuge de la scène folk anglaise."


 En juillet 1975, deux titre de Trevor-Sheldon sont repris par The Wurzels sur leur album The Wurzels Are Scrumptious. Il s'agit de l'inusable Don't tell I Tell 'Ee et de The verger. Dans le même temps, les Muleskinners interprètent eux aussi Don't Tell I sur leur LP produit chez Hillside et intitulé The Same As Alway.

1975 est aussi l'année où Peter Nalder chante sur l'album Narsty Tayles un morceau qu'il a composé avec Trevor : Diggery Venn, The Raddle Man, chez Folksound records.

Pour couronner cette année faste, Trevor intervient dans une compilation, Let's all go to the Music hall, éditée par Argo en deux vinyls. Accompagné par un orchestre symphonique, il y chante la fameuse complainte du XIXe siècle, Sam Hall, popularisée par les Dubliners sur un rythme plus soutenu ou encore Johnny Cash. La voici avec les images où Crozier, en bon bourreau, pend Ronnie Drew, le leader des Dubliners... Cette interprétation de Trevor, où sa voix tranche avec la douceur des violons fait partie, avec Soldiers Three, de mes préférées.

 

Et c'est alors que va naître un duo décapant : Crozier and Beard, MacTrevor and Joe...